Cédric Kassongo : l’année décisive

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17.02.2020 11:18 Uhr
Bertrand Duboux

Un soir qu’il l’avait vu dominer le Français Chapelle à Montreux, en mars 2009, Jean-Claude Bouttier, l’ancien champion d’Europe des poids moyens et challenger mondial, avait glissé à l’oreille de Cédric Kassongo: « mon gars, t’as de l’or dans les poings ! mais rappelle-toi, ta carrière, c’est toi qui la fais ! » Un compliment magnifique qui tombait comme un encouragement à poursuivre une aventure très prometteuse commencée quelques mois plus tôt chez les professionnels sous les couleurs du Ring Star Vernier (ex-ASB Châtelaine). Mais depuis cette date, la perle noire genevoise a connu des hauts et des bas. Elle s’est perdue en route pour diverses raisons, notamment des blessures à répétition et trop de liberté avec la rigueur de l’entraînement.

Un immense gâchis eu égard aux qualités que véhicule ce petit doué du ring, l’un des sept enfants du regretté Mousse Moukandjo, excellent poids moyen des années 1970 à Genève(30-15-2). Né à Lumumbashi, formé à la boxe par son oncle Joseph Kassongo, lui-même ancien professionnel (6-3-2), le jeune Cédric est devenu champion junior du Congo en 1998 à 11 ans, puis idem en Suisse en 2003, à 16 ans, après son établissement à Genève. Une trajectoire toute tracée pour ce champion précoce malheureusement affecté et perturbé ensuite par le décès subit de son père un an plus tard, le 31 décembre 2004, à 50 ans. 

Pour le jeune Cédric, au moral friable, la vie n’aura pas été un fleuve tranquille. Destabilisé, ballotté à gauche, à droite, il a longtemps cherché sa voie et la porte de sortie à ses problèmes existentiels. Passé professionnel en 2008, il s’est révélé par sa technique, ses esquives, ses remises, ces accélérations, ses attaques inspirées et son punch, mais sans confirmer au haut niveau le talent qui est en lui. Après deux saisons d’arrêt, suite à des déchirures des deux tendons d’Achille, il a rejoint en 2012, à 25 ans, le Club pugilistique Carouge et s’est placé sous la direction de l’expérimenté entraîneur Giorgio Costantino. Une démarche qui dans un premier temps allait le remettre sur la bonne trajectoire, notamment après un combat magnifique contre le Portugais Briceno à Porrentruy, mais les mauvaises habitudes sont vite revenues et la progression s’est arrêtée entre 2014 et 2017.

Quatre revers, dont deux défaites mortifiantes et évitables en championnat de Suisse, d’abord face au Tessinois Ricardo Silva en juin 2016 à Ascona (KO 7) pour le titre des welters, puis face à l’Argovien Andranyk Hakobyan en novembre 2017 à Genève (points 12) pour celui des super-légers, ont fait le désespoir de son entourage. Une mauvaise période alors que dans le même temps il était accaparé et confronté auxproblèmes inhérents à l’ouverture de son propre club d’art martiaux à Genève (Jamaa club). 

A 33 ans, avec seize combats en douze saisons (même pas deux combats par année !), Cédric Kassongo (9-5-2) n’a désormais plus de temps à perdre. Suite à un ultimatum de Giorgio Costantino, il semble avoir enfin pris conscience de ses qualités et de ses possibilités, notamment après avoir battu avant la limite le Georgien Gamgebeli (10-5-0) en juin dernier. Alors qu’une blessure aux côtes l’avait empêché de boxer en décembre, il s’est remis à l’ouvrage avec une motivation et une détermination qu’on ne lui connaissait pas ! Sept semainesde préparation intensive l’ont remis dans une forme exceptionnelle qui devrait enfin lui permettre de booster sa carrière et la hisser vers le haut. Il est temps.

Prochains combats, le 29 février à Glattbrugg (Zurich) face au Kosovar Edmund Zefi (22 ans, 3 combats, 3 victoires), puis le 28 mars à Nyon.

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