Interview d’Ornella Domini qui remet son titre européen en jeu le 7 mars 2020 à Genève

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25.02.2020 20:31 Uhr
Gregory Baud

A quelques jours de monter sur le ring pour défendre son titre de championne d’Europe EBU, Ornella Domini répond à nos questions.

Ornella, c’est votre 4ème championnat d’Europe, qu’est-ce qui vous motive dans ce nouveau défi ? Est-ce que c’est au niveau personnel, votre amour de la boxe, l’espoir de retombées financières ou pour écrire l’histoire de la boxe féminine ?

En effet, c’est déjà le 4ème titre européen que je réalise depuis 2013. Paradoxalement je me dis chaque année que ce sera le dernier et je me retrouve finalement à répondre toujours favorablement aux nouveaux challenges pugilistiques qui se présentent (un championnat du monde WBC en novembre 2018, une reprise de ceinture EBU en mars 2019 et dans quelques semaines la remise en jeu de ce titre européen). Ce qui me motive dans ce défi c’est premièrement mon ego de compétitrice ; je ne conçois pas de perdre cette ceinture “par forfait” en abandonnant mon titre européen du fait que je ne suis pas montée sur le ring pendant plus d’un an. Je préfère à la rigueur, me battre, quitte à prendre le risque de perdre, certes, mais je conserverai mes valeurs en me disant que j’ai été jusqu’à bout de mes démarches en montant sur le ring. Deuxièmement, c’est ma façon de montrer que l’on peut réaliser ses rêves, faire ce que l’on aime malgré les obstacles, les difficultés financières, le manque de soutien et les gens qui s’y opposent. Il y a toujours des personnes fidèles et loyales au sein de mon club sur lesquelles je peux heureusement compter et qui m’aident à m’épanouir dans ces expériences. 

La réalisation de votre rêve est avant tout un grand investissement personnel. N’est-il pas trop grand, considérant notamment que vous ne pouvez pas vivre de la boxe sans votre sponsor ? Où trouvez-vous cette énergie pour remonter sur le ring à chaque fois, pour faire ces sacrifices qu’exige la préparation pour un tel événement ?

Ne parvenant pas à m’éloigner définitivement du ring, je perçois chaque combat comme une opportunité unique qui vaut la peine de vivre malgré tous les enjeux et les sacrifices que cela nécessite. En effet, je suis obligée d’être très organisée dans ma vie pour pouvoir concilier mon travail à 100%, les entraînements et tous ce qu’exige la boxe ainsi que mes activités annexes.

Il est clair que si je boxais pour l’argent, j’aurais déjà arrêté depuis longtemps! Cela fait maintenant 13 ans que je boxe avec mon entraîneur manager Samir Hotic toujours dans mon coin. À la base j’avais commencé la boxe pour perdre un peu de poids et gagner confiance en moi. Jamais je n’aurais imaginé un jour pouvoir accéder à un tel niveau. La boxe m’a offert bien plus que ce que j’attendais et cela vaut bien plus que tout l’or du monde!

Je trouve l’énergie dans le soutien et le sourire des gens qui me confient avoir commencé la boxe ou osé un nouveau défi après avoir connu mon parcours. J’adore cette citation de Marguerite Yourcenar: “Il faut toujours un coup de folie pour bâtir un destin”.

Y-a-t-il des moments de doute où vous pensez à raccrocher définitivement les gants ? Ou bien vous avez toujours des objectifs clairs que vous voulez réaliser ?

Bien sûr qu’il y’a eu des doutes concernant mon intérêt à continuer la compétition. Cependant, pour les entraînements, je pense que je resterai sportive et continuerai de m’entraîner toute ma vie, du moins tant que ma santé me le permettra. J’ai actuellement 31 ans, de nouveaux rêves et projets sont en vigueur et ils ne coïncident pas vraiment avec la boxe... Il y’a 13 ans, j’étais en plein épanouissement personnel, je rêvais de me réaliser à travers un tas d’activités (formations dans la sécurité, études en radiologie médicale, missions de protection rapprochée à travers l’Europe, 6 langues parlées, port d’arme, 9 permis de conduire, boxe professionnelle, armée dans la police militaire, etc.) qui m’ont valu le surnom de « guerrière indépendante ». Aujourd’hui, je pense m’être trouvée et me sens complètement réalisée professionnellement. Je suis plus que satisfaite de ce que j’ai accompli jusqu’à maintenant concernant ma carrière et la boxe. À présent, je rêve de satisfaire certains besoins primaires de femme : m’engager avec quelqu’un, avoir des enfants, fonder une famille, construire et réaliser des projets communs. 

Parlons de votre rencontre du 7 mars à l’Hôtel Ramada Encore contre Szilvia Szabado. Cette revanche se déroulera en 10 rounds. Que pouvez-vous nous dire sur cette Hongroise qui nous a beaucoup impressionnés lors de votre premier affrontement ? Allez-vous changer de stratégie par rapport à la première fois ? Allez-vous suivre un entraînement particulier ?

Cette date fatidique est intéressante pour moi. J’aimerais en premier lieu faire un meilleur combat que la première rencontre avec Szilvia Szabados. Bien que le championnat d’Europe du 9 mars 2019 se soit terminé par une victoire pour moi, j’ai été très déçue de ma prestation et de ce que j’ai pu montrer sur le ring. Cela était sans doute dû à une mauvaise préparation et une mauvaise gestion de ma part. Cette année, je ne veux pas louper le coche et mieux me préparer. Heureusement, avec Samir, nous nous sommes très bien organisés depuis janvier pour m’entraîner de manière optimale jusqu’à l’échéance du combat. J’espère bien évidemment gagner une nouvelle fois contre Szabados, conserver ma ceinture EBU, ce qui débouchera peut être enfin sur une opportunité mondiale contre Braekhus.

Vous êtes 6ème mondiale… vous arrive-t-il de rêver d’un titre mondial dans votre catégorie ?

Oui, très souvent. Cela fait 6 ans que je rêve de combattre contre Cecilia Braekhus, la championne mondiale invaincue dans ma catégorie (Welter). À trois reprises, j’ai failli combattre contre Braekhus, mais à chaque fois, une quelconque raison a fait que tout a été annulé au dernier moment.

Si vous gagnez le 7 mars contre Szabado, le match suivant ce sera pour le championnat du monde (Cecilia Brechusse) WBC, IBF, WBO, IBO, WBA, 5 titres majeurs au niveau mondial, pensez- vous que vous avez votre chance ?

Chronologiquement, ma priorité est de gagner ce combat du 7 mars contre Szabados. Ensuite je vais me concentrer sur mes objectifs personnels. Si l’opportunité de combattre contre Braekhus se concrétise et que je suis en mesure de l’accepter, je le ferai. Cependant je ne vais pas l’attendre indéfiniment. J’ai conscience que de ma position, je ne peux pas contrôler grand-chose pour l’élaboration de ce championnat  du Monde même si j’en ai très envie.

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