Beat Hausammann : "Il ne peut y avoir qu'un coin rouge et un coin bleu"

Beat Hausammann est bien connu de tout le monde sur la scène suisse de la boxe. C'était d'autant plus étonnant lorsqu'il a annoncé sa démission en tant que juge et arbitre fin 2020. Beat Hausammann est apparu comme un protagoniste de la scène suisse de la boxe pendant un demi-siècle et l'a façonné d'abord en tant que boxeur actif avec de nombreux titres de champion suisse, puis en tant que juge et arbitre avec plus de 2 300 combats.

Son père travaillait comme plâtrier et était un musicien passionné à ses heures perdues. Il envisage donc une carrière d'artiste en tant que musicien pour son fils. Mais à l'adolescence, Beat Hausammann a subi un sévère coup du sort. À l'âge de 12 ans, il devient orphelin. On lui confia un tuteur comme surveillant et le rêve du conservatoire était irréalisable. « Il devrait apprendre quelque chose d'intelligent » : dit son tuteur et son entourage et Beat Hausammann a donc commencé son apprentissage de peintre et plâtrier.

A l'école professionnelle, deux collègues n'arrêtaient pas de parler d'un club de boxe sur la Kochergasse et c'est ainsi que l'idée est venue de suivre un entraînement de boxe. Le jour convenu en 1970, Beat Hausammann avait emballé son équipement d'entraînement, mais ses collègues l'ont laissé tomber. Seul, il a suivi une formation au ABCB Athletic Boxing Club. Cela n'a pas pris longtemps et le gaucher nerveux a attiré l'attention de l'entraîneur Charly Bühler, qui l'a invité à la séance d'entraînement de mardi soir.

C'était l'apogée du Berners Club et un championnat suisse était bientôt l'objectif du jeune athlète. En 1975, le moment était venu. Après avoir remporté avec succès les championnats régionaux, il atteint la finale à La Chaux-De-Fonds. Les championnats ont été diffusés en direct à la télévision nationale lorsqu'il a été autorisé à attacher son premier titre de champion des poids mouches autour de sa taille. Le maître entraîneur Alfons Bütler a apporté une grande contribution, qui l'avait parfaitement préparé et habilement entraîné jusqu'à la victoire.

Au cours des années suivantes, le gaucher de Berne n'a pas pu contourner le problème. Il a remporté le titre des poids mouches au cours des trois années suivantes, de 1976 à 1978. « Mes jambes étaient souvent aussi molles que du pudding au vestiaire, mais dès que le premier gong a retenti, la nervosité s'est envolée » : a déclaré Beat Hausammann avec le sourire. Il ne manquait pas de sparring partners de haut niveau dans son propre club de boxe à cette époque. Sous la direction de son entraîneur Charly Bühler, la compétition dans son propre sous-sol était souvent presque plus forte qu'aux championnats nationaux et dans d'innombrables manches d'entraînement avec Fritz Chervet, il a appris de nombreux trucs.

Après quatre titres de champion de Suisse, c'était suffisant. Beat Hausammann voulait se concentrer sur sa propre entreprise de peinture et de plâtre. Mais pour sa formation, on le retrouvait encore et encore à l'ABCB sur Kochergasse. Dans un sparring, il voulait motiver un garçon talentueux pour son premier match de boxe. Par pure blague, il lui a dit : « Si tu fais ton premier match de boxe, je ferai mon retour. Ce à quoi il ne s'était pas attendu, un journaliste avait entendu ses propos. Le lendemain, il était écrit dans le Berner Zeitung que Beat Hausammann remontait sur le ring. Et c'est venu comme il fallait. Beat Hausammann a remporté son cinquième titre poids mouche. Au championnat suisse organisé par le club de boxe Gloria, il termine sa carrière active de boxeur amateur au Kursaal de Berne en 1980 avec un nouveau triomphe.

Après une phase de transition de neuf ans, il entame sa deuxième carrière sportive en tant qu'officiel. Après trois ans, il a également commencé à participer activement à la boxe professionnelle. Cela n'est pas passé inaperçu pour Peter Stucki, qui a également ses racines dans l'ABCB Berne. Bientôt, il a activement promu la carrière du jeune fonctionnaire et lui a valu des affectations pour l'EBU et l'IBF sur la scène internationale. Que ce soit en Allemagne, en Italie ou en Grande-Bretagne, Beat Hausammann était de service.

En tant qu'officiel de service, il était toujours important pour lui de paraître impartial et d'évaluer équitablement chaque athlète, qu'il s'agisse du boxeur local ou non. Les jugements pour la faveur lui répugnaient toujours. Cela a valu aux Suisses un ou deux articles négatifs dans la presse étrangère. Mais pour Beat Hausammann, il a toujours été important qu'il n'y ait qu'un seul coin rouge et un seul bleu et que les deux athlètes aient les mêmes chances de victoire.

Des anecdotes sur le travail de Beat Hausammann en tant que juge et arbitre sont données ci-dessous : 

Henry Akiwande contre Timo Hoffmann pour le titre des poids lourds IBF Intercontinental

Le 31 mai 2003, Timo "Die deutsche Eiche" Hoffmann a participé à un combat pour le titre intercontinental contre Henry Akinwande, né à Londres. C'était le combat principal d'un événement du Sauerland, qui a été diffusé en direct à la télévision allemande. Même avant le combat, il était clair pour Beat Hausammann qu'il pourrait y avoir un combat difficile. Il a donc rendu visite aux deux boxeurs dans leurs vestiaires et les a exhortés à boxer proprement, à écouter ses ordres et à ne s'accrocher en aucun cas.

Les deux boxeurs ont fait de gros efforts, mais au fur et à mesure du combat, les deux sont devenus fatigués et difficile. De plus, ce fut une journée exceptionnellement chaude et Beat Hausammann dut bientôt continuer à séparer les deux adversaires. Après douze tours, il était clair qu'il y aurait un résultat serré. Beat Hausammann s'est rendu chez le délégué pendant que les combattants se faisaient retirer leurs gants. À ce moment-là, un membre de l'équipe Sauerland lui a crié : « Tu aurais dû retirer un point pour s'être accroché ! ». "Lequel des deux boxeurs parlez-vous ?" : vient de demander Beat Hausammann. Henry Akiwande a remporté le combat par décision partagée.

Émeutes en Corse

En 2005, Beat Hausammann a officié en Corse. Trois titres de l'EBU ont été mis en jeu lors d'un événement et cela s'est avéré être un fiasco pour les boxeurs locaux. Les trois combats pour le titre ont été perdus et le public s'est révolté.

Le manager d'un boxeur s'est complètement mis en colère et a attaqué les officiels. Avec beaucoup d'efforts, Beat Hausammann et un responsable suédois ont réussi à sortir du meeting et se sont rendus à leur logement. Pour ne rien arranger, ils étaient logés individuellement dans de petits bungalows dans le no man's land, où il n'était pas certain qu'ils ne recevraient pas des visiteurs cette nuit-là. Après une nuit agitée, ils étaient heureux lorsque l'avion a décollé et les a ramenés dans des zones sûres.

Adieu à Markus Beyer

Markus Beyer était un boxeur professionnel allemand qui était champion du monde WBC des super-moyens. A noter qu'il était le troisième Allemand à remporter son titre mondial à l'étranger après Max Schmelling et Ralf Rocchigiani face au Britannique Richie Woodhall. À l'âge bien trop précoce de 47 ans, Markus Beyer est décédé à Berlin en 2018 des suites d'une maladie.

À l'exception d'un combat, Markus Beyer a toujours participé au événements du Sauerland. Après sa mort, l'écurie de boxe a dit au revoir à l'athlète avec un hommage le 18 mai 2018 à la MBS Arena de Potsdam dans le Brandebourg. Le combat principal a été disputé par Ronny Mittag contre Patrick Wojcicki.

« Les adieux à Markus Beyer, qui a largement contribué au succès de Sauerland Events, ont été très émouvants. L'atmosphère dans la salle était indescriptible. Je me souviendrai toujours de ce moment » : dit Beat Hausammann.

Le 19 décembre 2020, il a terminé sa dernière mission dans une petite cave de boxe à Bâle. Trois néo-professionnels ont été sollicités ce jour-là. Beat Hausammann a accompagné ces combats parfaitement et assez fidèlement à sa devise : « Il n'y a qu'un coin rouge et un coin bleu ».

En plus de tous ces efforts et de nombreux temps forts, le palmarès de Beat Hausammann est immense. Il a participé à 87 combats pour le titre EBU, 43 combats pour le titre IBF, 4 combats pour le titre WBC et à 18 combats pour le titre d'autres associations. Dans ses dossiers, il a le nombre incroyable de 2 397 combats.

Déclaration de Fäbu Guggenheim : « Au nom de SwissBoxing, je tiens à remercier Beätü pour ses nombreuses années d'engagement et de services. En tant que fonctionnaire neutre, il a porté les valeurs de SwissBoxing dans le monde. Nous tenons à lui exprimer nos sincères remerciements pour cela ! À l'avenir, nous espérons le voir en tant que visiteur lors d'un événement de boxe ou lors d'événements SwissBoxing. »