Les adieux de Khalid Graidia à Palexpo 4 combats pros le 15 décembre

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30.11.2022 20:17 Uhr
Bertrand Duboux / JS

Avec sa façon d’être et son allure discrète, sa modestie, avec son style et sa résistance sur le ring, il fait penser à un boxeur à l’ancienne. Un de ceux des années 1960-1970 qui quittaient le chantier avec le sac de sport sur l’épaule et rejoignaient la salle d’entraînement à vélo en fin de journée. Ouvrier plombier dans une entreprise genevoise depuis dix ans, avec un CAP obtenu à 14 ans, Khalid Graidia a certes eu droit le plus souvent à la compréhension de son employeur pour préparer ses combats. Michel Challut, le patron de Martin Sanitaire, est même devenu l’un de ses sponsors personnels. Mais la fatigue de ses journées de huit heures a tout de même pesé lourd sur ses performances. Une réalité quotidienne à laquelle il a dû s’habituer, même si on peut regretter pour lui qu’il n’ait pas eu l’occasion de mieux mener de front ses deux activités, hélas !

Formé comme auto-entrepreneur, ce frontalier français né à Villeurbanne (banlieue lyonnaise) et aux racines familiales algériennes, est d’abord passé par la Haute Savoie, où un chantier l’a occupé durant deux ans. Parallèlement à son travail, il y a découvert en 2012 la salle de boxe de Rumilly, où il a fait ses armes. En 2015, avec 2 succès et 4 défaites dans la valise, il a poussé la porte du Club pugilistique Carouge (Genève) et s’est retrouvé au contact des professionnels Cédric Kassongo et Patrick Kinigamazi, entre autres.

Un tournant dans la carrière de Khalid, en manque de confiance, mais relancé par ce nouvel environnement et surtout par les entraîneurs Giorgio Costantino et Christophe Rime, qui ont cru en lui. Sa discipline de vie, sa motivation et son incessant travail à la salle du CPC, à laquelle il est resté fidèle, lui ont permis de progresser techniquement et d’acquérir la condition physique du haut niveau. Il s’est alors révélé comme un combattant solide et endurant. Malgré qu’il a livré plusieurs  combats difficiles, cet artisan du ring, sérieux et rigoureux, toujours respectueux de son sport, a pu étoffer son palmarès, avec aujourd’hui 21 combats à son actif (8 succès, 9 défaites, 4 nuls). Il ne s’est incliné qu’une seule fois avant la limite.

Courageux, dur au mal, Khalid Graidia n'a jamais rien lâché face à l’adversaire. Mais on aurait aimé pour lui qu’il pût terminer sa carrière en disputant le titre de champion de Suisse. Courant 2022, le manager de Vahram Khudeda (10-0-0) avait donné son accord, mais le Bernois d’origine arménienne, invaincu en dix combats, a prétexté le covid pour se défiler, et par la suite Khalid n’a pas obtenu l’autorisation de SwissBoxing pour affronter le Cap verdien de Bâle Celso Neves (9-2-2), le 15 décembre à Palexpo.

Une décision incompréhensible pour les responsables carougeois, car il a toujours servi les intérêts de la boxe suisse avec un comportement et une correction exemplaires sur le ring. C’eût été pour lui une belle sortie, un défi, face au détenteur du titre des super-moyens, très bon technicien, certes, mais en déficit de puissance. A la place, Khalid Graidia affrontera en 6x3 le Kosovar Venhar Haziri (5-4-2) et on ne peut que lui souhaiter de quitter la compétition sur un dernier succès qui figerait à jamais dans la mémoire de ses supporters la belle image qu’il leur laisse en souvenir.

Mon seul regret, déplore-t-il, est de ne pas avoir pu boxer pour une ceinture ou un titre. S’entraîner durement sans rien au bout, c’est frustrant ! Contre Benredjeb, en juin 2021,  j’ai perdu de peu et c’est lui qui a pris ma place pour disputer le championnat de France, mais il s’est incliné contre Diallo. C’est dommage que je n’aie pas pu aller au bout de mes possibilités. Mon boulot dans la plomberie est épuisant. On travaille dans le bâtiment, on fait de la rénovation, du dépannage, on installe des salles de bains et j’ai de grosses responsabilités. Mais j’aime mon métier et je vais rester dans la région genevoise.

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