Fanga dans une nouvelle dimension – Félix Meier roi de l’uppercut - Succès aussi pour Kongolo et Maslard à Puidoux
27.10.2025 10:43 Uhr
Bertrand Duboux
Pour une première à Lavaux, ce fut une belle soirée, et la publicité faite à la boxe à cette occasion ne peut que contribuer à lui rendre sa popularité d’antan ! De l’avis général, tout a concouru à la réussite du meeting international organisé à la salle Forestay : une organisation parfaite et des combats de qualité qui ont suscité l’enthousiasme du public et des invités, dont Madame Christel Luisier, présidente du Conseil d’Etat vaudois, en charge des sports. Sans oublier les syndics de Puidoux et Bourg-en-Lavaux, René Gilliéron et Jean-Pierre Haenni, ainsi que plusieurs de leurs municipaux totalement comblés par le spectacle.
Sur le plan sportif, la palme revient au Carougeois Brian Fanga qui a contraint l’ambitieux Italien Daniel Spada (16-2-0) à l’abandon à l’appel du 7ème round. Un magnifique combat, parfaitement maîtrisé par le champion de Suisse et d’Afrique IBF des super-légers, qui a confirmé ses progrès et qui semble entrer dans une nouvelle dimension, avec à l’horizon quelques importantes échéances internationales.
A 30 ans, Fanga (14-2-1 désormais) a pris le temps de « grandir » avec son entraîneur Giorgio Costantino. Il s’affirme désormais comme un combattant mûr et solide, capable de soutenir la comparaison avec les meilleurs au haut niveau. Soumis à une pression constante, Spada n’a pu faire valoir ses qualités techniques que durant les deux premiers rounds. Par la suite, Fanga a sapé sa résistance par des frappes précises, en crochets et uppercuts. Il y a eu quelques beaux échanges à mi-distance, par des séries des deux mains et des répliques, mais la maîtise du Carougeois est vite apparue comme une évidence.
A mesure que le combat avançait, l’Italien a commencé à accrocher. Il a même été averti au 4ème round. Malgré quelques belles esquives, Spada a subi les assauts de Fanga, de plus en plus incisifs. Un deuxième avertissement pour ses accrochages à la 6ème reprise, après un puissant crochet du gauche, a sonné la fin de ses illustions, Soumis à un traitement de choc, le Romain a fini par céder à l’appel du 7ème round, prétextant une blessure au poignet, comme pour éviter l’humiliation de se retrouver au tapis, sous les yeux de son compère Michael Magnesi, champion du monde IBO des super-plume et candidat au titre mondial WBC.
Un final en apothéose pour le nombreux public, déjà sous le charme du grand espoir lausannois Félix Meier quelques minutes auparavant. A 20 ans et demi, celui-ci n’a fait qu’une bouchée du Hollandais Ronald Weikamp (4-1-0), transfuge du kick boxing et contraint à l’abandon après trois rounds à l’avantage du prometteur Meier, qui s’est révélé comme le roi du l’uppercut, aussi bien du gauche que du droit ! Il y a tout dans sa panoplie, de beaux directs du gauche aussi. Une véritable démonstration de technique et de frappe, qui a secoué le Hollandais, au point qu’il a préféré se retirer avant le coup décisif.
Bien remis de sa blessure au tympan, Félix Meier se confirme comme un sujet d’avenir. Après ce 5ème succès d’affilée, il se profile même comme la nouvelle locomotive de la boxe romande, à l’heure où Yoann Kongolo se cherche un avenir. A 37 ans, le vétéran lausannois a toujours des ambitions haut placées, mais il peine à retrouver son efficacité d’antan.
Très motivé, Kongolo a certes dominé aux points le coriace Vénézuélien Melbyn Hernandez (10-12-2) sans toutefois parvenir à abréger l’affrontement. A partir du 4ème round, la pression de Kongolo a commené à mettre le solide sud-américain en difficulté par des attaques en séries appuyées. Mais ce dernier en garde haute n’a rien lâché, donnant l’impression que Kongolo séchait sur le problème.
Cela n’a pas été le cas de Marwan Maslard (20 ans), vainqueur pour son deuxième combat du Moldave Mihail Zubenko (3-9-0) par ko technique au 3ème round. Soumis d’entrée aux touches répétées du néo-pro lausannois, le jeune boxeur de l’est a rapidement saigné du nez. Mais Zubenko (21 ans) a répliqué à plusieurs reprises par des attaques furieuses qui ont aussi marqué le visage de Maslard.
Dans le 3ème round, le travail de harcèlement du technicien lausannois a décidé l’arbitre à faire appel au médecin à deux reprises. Ce dernier a autorisé la poursuite du combat, mais le forcing de Maslard a finalement poussé Benjamin Jagel a mettre fin à l’affrontement. En raison d’un problème à l’œil gauche, le jeune Moldave a été conduit en fin de soirée au CHUV, à Lausanne, pour un examen de contrôle qui s’est révélé moins grave que prévu.
Quant à Momo Ayyad (21-1-1), de retour à 34 ans après six années sans compétition, il a disputé un combat « homérique » pour son retour sur le ring contre l’expérimenté Colombien Santiago Garces. Après un bon début, avec des frappes très appuyées, le Carougeois d’adoption a vite paru éprouvé. En fait, un coup au foie l’a laissé sans jambes dès le 2ème round, et Garces en a profité.
Le match est devenu une bataille féroce qui a pris aux tripes et soulevé le cœur des quelque 1'200 spectateurs ! Ayyad s’est défendu avec courage. Il a touché durement à plusieurs reprises, mettant Garces en difficulté à la fin du 3ème round. Mais il a aussi beaucoup encaissé. Jusqu’au bout, il s’est battu comme un lion, cherchant le coup dur face à un adversaire un peu truqueur, qui changeait de garde, avec l’épaule en avant, et qui imposait la bagarre. De plus en plus fatigués, tous deux ont terminé au courage. Garces a eu des réactions violentes, mais malgré son état d’épuisement, Ayyad, héroïque, n’a jamais renoncé, échouant toutefois aux points. Un verdict qui fait mal, après une rentrée épique et mémorable.
Chez les amateurs aussi les émotions fortes n’ont pas manqué. Côté féminin, on ne s’est pas ménagées entre Angela Mia Mury et Marie Gautier, avec des coups qui pleuvaient des deux côtés. Finalement il a été donné match nul entre deux combattantes au tempérament bien affirmé. Pour le CP Carouge, la soirée a été bonne, avec le poids lourd Janick Moluh qui a battu 2-1 le Français William Monnin après un match très disputé, et le jeune Donald Adjekum qui a pris sa revanche sur Rivaldo Mendes (2-1). Le verdict n’a toutefois pas fait l’unanimité parmi le public à 15 jours du championnat de Suisse, où les deux Romands pourraient bien se retrouver face à face.
Le plus impressionnant a toutefois été le lourd-léger Leonid Berisha (23 ans), vainqueur par abandon au 3ème round du courageux Français Dilan Altun (9-5-0), déjà compté « huit » sur un direct du droit à la 1ère reprise. Le spectaculaire frappeur payernois (17-5-0), récent vainqueur du champion de France Abdoulaye Traoré, n’a pas fait durer le suspense très longtemps. Mais on est content d’avoir pu maintenir son combat au programme, car il a fallu multiplier les coups de fil en Europe pour lui trouver un adversaire ! Les enchaînements terribles de Berisha en gauche-droit-gauche ont vite eu raison de la résistance d’Altun, encore compte deux fois au 2ème round, notamment après un crochet du droit qui a poussé son staff à lancer la serviette sur le ring en guise d’abandon à l’appel du round suivant.









