La boxe à Lausanne

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09.11.2014 17:26 Uhr

Bertrand Duboux

09.11.2014 - Si Genève, la première, s’est imposée dès le début du XXème siècle comme l’un des hauts lieux de la boxe en Suisse, Lausanne, un peu plus tard, a également apporté sa contribution au développement de cette nouvelle activité sportive qui attirait à elle une jeunesse turbulente et avide de nouvelles sensations. C’est déjà en 1923 qu’a été fondé le Club lausannois de boxe. Dans les années trente, le Casino de Montbenon accueillait régulièrement des réunions où amateurs et professionnels offraient des émotions fortes au public lausannois. Catch, marathons de danse et boxe se partageaient aussi la vedette à la salle du Splendide, dans le quartier de Tivoli.

C’était l’époque notamment des frères Baumgartner et du Zurichois d’adoption Walter von Büren. En 1937, le populaire Genevois Maurice Dubois, qui avait perdu en février 1936 son titre européen des poids coq face au Lyonnais Decico, puis subi un sévère ko face au puncheur italien Oberdan, avait relancé sa carrière en battant notamment à Lausanne Georges Baumgartner puis Henri Barras.

Les Lausannois qui avaient pris place dès 1914, avec le welter Blanc, sur les tablettes de la Fédération suisse de boxe (FSB), créée à Genève une année auparavant, ont fourni par la suite plusieurs champions nationaux dont le poids coq Pittet (1925-26-27), le poids léger Baumgartner I (1930-31-32) et le poids moyen von Büren (1932-33-35). Avec le retrait de von Büren prend fin l’époque héroïque. Certes, les années de guerre, les privations et les restrictions n’ont pas empêché les combats de boxe d’avoir lieu à Lausanne et ailleurs, mais il faudra attendre 1946 pour retrouver le nom d’un licecié lausannois, le poids lourd J. Zenklusen, sur la liste des champions de Suisse amateurs. Louis Volet, dit Kid Louis, et les frères Basler étaient parmi les principaux animateurs de ces soirées-là.

A noter qu’en 1941, à Genève, Georges Baumgartner II avait perdu un championnat de Suisse professionnel des welters face au Genevois Roby Seidel.

Après-guerre, c’est surtout le puissant Ernest Monnier, surnommé Roméo, qui a mis à l’honneur le Club lausannois de boxe (CLB) en conquérant de haute lutte trois titres de champion de Suisse des super-welters (1955-57-58). En 1956, diminué par une angine, il avait dû déclarer forfait pour la finale, à Genève, et le sacre fut pour le Bâlois Neuenschwander. Mais le Lausannois avait ensuite battu celui-ci en cours de saison en match qualificatif pour les championnats d’Europe 1957 à Prague, où il avait été éliminé au 1er tour par le grand Laszlo Papp, triple champion olympique hongrois (1948-52-56) et futur champion d’Europe professionnel des poids moyens en 1962 ! En 1956, sélectionné pour les JO de Melbourne avec Neuenschwander et les Zurichois Hans Buchi et Max Meier, Ernest Monnier avait déjà vu son rêve s’évanouir suite au boycott imposé par la Suisse après l’intervention de l’armée soviétique à Budapest !

Solide, dur au mal, ce fils de vigneron-tâcheron de Grandvaux, né de père valaisan et de mère italienne, a disputé quelque 120 combats entre 1950 et 1959 et écrit quelques unes des plus belles pages du CLB. Affecté par une jeunesse douloureuse et agitée, il a mis dans ses matches toute la hargne et la dureté que lui insipiraient ces années difficiles. Un battant au grand coeur, un bagarreur au style peu académique mais diablement efficace. Spectaculaire sur le ring, il a souvent été appelé à boxer à Genève où les meetings étaient nombreux à l’époque et attiraient toujours plus d’un millier de spectateurs.

En 1952, à 21 ans, Ernest Monnier était parti six mois à Paris chez l’entraîneur Dupin avec l’espoir de faire carrière chez les professionnels. Mais, malgré le soutien de Henri Perren, président du CLB, et quatre combats disputés à son avantage (3 succès, 1 défaite), l’aventure avait tourné court car le jeune lausannois, sans formation et sans travail, n’avait pas voulu être à la charge de son entourage. Il avait alors reporté avec succès ses ambitions sur le sport amateur où ses qualités lui avaient permis de se tailler une belle réputation. Souvent sélectionné en équipe de Suisse pour disputer à l’étranger des matches et tournois internationaux, il fut durant ces années 1950 l’un des meilleurs amateurs du pays. Il s’ennorgueillit d’ailleurs de ne jamais avoir été battu par ko. En 1959, alors qu’il était en pleine forme, une hernie discale l’avait empêché de disputer les championnats d’Europe organisés à Lucerne et avait précipité sa fin de carrière. Il se consacra alors au travail de ses vignes et fut l’un des fidèles de la fanfare de Gandvaux et de la société de sauvetage de Villette où sa robuste constitution en fit un rameur très apprécié jusqu’à plus de 70 ans ! Il coule actuellement des jours heureux sur les hauts de Grandvaux, avec vue imprenable sur le lac Léman et les Alpes savoyardes, où son fils Stéphane (Stef, le dessinateur de presse) veille sur lui affectueusement.

En 1976, le super-léger Michel Gillièron avait mis fin à dix-huit années de disette au niveau national après le dernier titre obtenu en 1958 par le poids plume C. Thévoz. Mais c’est surtout Michel Giroud, natif de Cheseaux, qui redonna vie à la boxe lausannoise après une très belle carrière amateur (70 combats, 55 succès, trois titres nationaux dont deux sous les couleurs du CLB, et une sélection pour les JO de Moscou, en 1980, qu’il n’a pas pu honorer à cause d’une blessure à un pied) et avant une non moins très belle carrière de professionnel (32 succès, 8 défaites) qui l’amena à disputer le championnat d’Europe des super-légers face à l’Italien Patrizio Oliva à Catanzaro (Calabre) en décembre 1984.

Vint ensuite le temps de Mauro Martelli, formé au full-contact avant de s’imposer brillamment en boxe anglaise. Champion de Suisse amateur en 1984, puis champion d’Europe professionnel des welters en juin 1987, à Genève, à moins de 22 ans. Un parcours magnifique, sans accroc, une carrière menée à la vitesse grand V et avec le maximum de réussite. Quatre défenses de titre européen victorieuses avant de se voir offrir une chance mondiale IBC face au redoutable Jamaïcain Simon Brown. Ce soir-là 8'500 personnes étaient au rendez-vous de la patinoire de Malley. Un événement que Lausanne n’avait encore jamais connu. Hélas le rêve ne se concrétisera pas, pas plus ce soir-là qu’un an plus tard à Genève devant l’Américain Mark Breland pour la ceinture WBA. Le réveil était même douloureux pour Mauro et ses supporters, comme pour la boxe suisse désormais orpheline de l’un de ses plus beaux ambassadeurs.

La vitalité de la boxe lausannoise au niveau national se manifeste de nouveau depuis la fin des années 1990 grâce à deux clubs très actifs, le National Sporting Club (Ring club) et le Club lausannois de boxe (CLB). Tous deux ont été sacrés par équipes, le premier en 2002 et le second en 2007, pour la première fois de leur histoire, ce qui traduit bien l’excellent travail de formation qui est effectué dans leurs rangs. Une belle récompense, surtout pour l’infatigable et dévoué Fouad Ben Saoud, à la fois éducateur, entraîneur, manager et président, bref homme à tout faire du CLB qu’il a repris, seul en 1996 ; qu’il a remis sur pied et qu’il dirige et anime depuis lors avec beaucoup de passion et de mérites.

Voir www.c-l-b.ch

 

Boxeurs lausannois champions de Suisse amateurs

 

Blanc 1914 (welter)

Pittet 1926-27-28 (coq)

Gobat 1927-28 (plume)

Imhof 1927-28 (welter)

Baumgartner I     1930-31-32 (léger)

Steinemann 1930 (lourd)

Coupy 1932 (mouche)

Walter von Büren 1932-33-35 (moyen)

Burri 1932-33 (lourd)

J.Zenklusen 1946 (lourd)

A.Richon 1951 (plume)

Alfred Willomet 1952 (plume)

Ernest Monnier 1955-57-58 (super-welter)

D.Tonacini 1957-58 (mouche)

G.Jeanrenaud 1957 (super-léger)

C.Thévoz 1958 (plume)

Michel Gilliéron 1976 (super-léger)

Michel Giroud 1978 (léger)-79-80 (welter)

Mauro Martelli 1984 (welter)

A.Casacchio 1996-98 (welter)

Flavio Turelli 1999 (super-léger)

Julien Canabate 2001-02 (léger) + RC Lausanne 1. par équipes 2002

Jérémie Canabate 2004 (57 kg)-07 (60 kg)

Alain Coppey 2004 (63 kg)-05 (64 kg)

Stéphane Röthlisberger 2007-08 (75 kg)

David Röthlisberger 2007-08 (81 kg)  + CLB Lausanne 1. par équipes 2007

Jamal Dlala 2010 (69 kg)

Anaïs Kistler 2012 (64 kg)-2013 (69 kg)

En gras, les champions de Suisse (à notre connaissance) sous les couleurs du CLB.

Service de presse/Bertrand Duboux/3 nov. 2014

 

 

 

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