Benoît Huber, poids lourd de choc, passe professionnel

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26.03.2018 18:32 Uhr

Très bonne nouvelle pour la boxe suisse
 

Bertrand Duboux, 26.03.2018

C’était le plus doué de la classe, le plus spectaculaire, le plus prometteur en qualités techniques et en punch pour faire une brillante carrière internationale dans les années 2000. Deux fois champion de Suisse junior des mi-lourds avec Florindo Pascale et le Club sédunois de boxe, puis cinq fois champion national des poids lourds en élite (2005, 2008, 2010, 2016, 2017). Une belle allure sur le ring, une terrible frappe des deux bras, une souplesse naturelle qui facilitait les esquives et un tempérament de gagneur qui aurait pu lui offrir de très belles perspectives d’avenir.

Mais entre temps, Benoît Huber (1m97, 91 kg) a décidé de faire une pause entre 25 et 30 ans. Une errance de six années qui l’a éloigné de la boxe pour des voyages, une quête d’autre chose et d’ailleurs, une recherche de nouveau pôles d’intérêt, de nouveaux horizons. Il s’est notamment essayé au MMA (champion d’Europe en Allemagne), au jiu-jitsu brésilien, entre autres, avant de revenir à la compétition en 2016 sous les couleurs du Boxing Club Octodure Martigny de Philippe Abate et de reprendre le cours de cette carrière inachevée qui a fait naître jadis les espoirs les plus fous.

Désormais, à 31 ans, il veut franchir un nouveau palier avec sa décision de passer professionnel. Une nouvelle surprenante et inattendue qui confirme que malgré cette longue interruption, il n’a rien perdu de son enthousiasme et que la motivation est toujours là. Depuis son retour sur le ring, en octobre 2016 à La Chaux-de-Fonds, il s’est rappelé au bon souvenir de ses supporters et a complété sa collection de titres nationaux en atomisant notamment le Zurichois Enis Amiti d’un gauche-droit à la tête (ko 3ème) en 2017 à Martigny. Il veut maintenant donner une nouvelle dimension à sa carrière en exploitant plus à fond ce gros potentiel qu’on décèle en lui afin de ne pas avoir de regrets.

Un choix tardif mais qui ne peut que nous réjouir car Benoît Huber a gardé toute sa fraîcheur et son explosivité. La plupart de ses matches, il les a écourtés et il n’est donc pas usé par la compétition. Peu d’adversaires sont restés debout devant lui. A son actif, 42 succès sur 47 combats, dont plus de 50% remportés par ko ! Un palmarès à la Tyson, mais plutôt avec le style et la manière de Lennox Lewis. Aucun amateur suisse, n’a fait mieux que l’athlétique valaisan au physique de gladiateur et au look de Batman. Pas même le Bâlois Hans Müller, dix fois champion de Suisse des poids lourds entre 1940 et 1951 ou le solide Zurichois Ruedi Meier (10 titres entre 1962 et 1973). Ou même Thomas Marthaler (7 titres pour le BC Zurich entre 1980 et 1996).

Jamais, dans cette catégorie-là, la boxe helvétique n’a recelé un tel talent naturel. Mais pour s’élever au niveau des Chervet, Nussbaum, Scacchia et Martelli, il reste à Benoît Huber à faire ses preuves face à une opposition plus expérimentée et consistante et à révéler aussi sa résistance et sa capacité d’encaisseur. La clé de la réussite chez les professionnels et notamment les poids lourds. Un défi à la mesure de son personnage: provocateur et fanfaron, fantasque et atypique, comme l’était le cycliste Mario Cipollini !

Benoît Huber peut-il encore faire croire au miracle après tant d’années perdues en route ?

              - A l’époque, dit-il, j’avais reçu de nombreuses propositions pour devenir professionnel mais aucune ne m’avait convaincu. Je n’ai jamais eu confiance. Et puis j’ai rencontré Philippe Abate et cela s’est fait naturellement. On va faire en sorte de ne pas perdre trop de temps contre des adversaires insignifiants. Je veux monter à un bon niveau immédiatement. J’ai de bons sponsors qui me  soutiennent.  On s’est donné un an pour faire le point et envisager l’avenir. On verra.

Plusieurs échéances figurent déjà sur l’agenda du redoutable puncheur valaisan. Après s’être rendu à Frekendorf pour du sparring-partner avec Angelo Gentile, ex-champion d’Italie des super-lourds, il disputera son premier combat professionnel samedi 14 avril face à l’Italo-Roumain Ovidiu Enache (28 ans, 3 défaites) à l’occasion du grand meeting organisé par le Boxing Club Martigny. Il sera ensuite à l’affiche le 1er juin au Bout-du-monde, à Carouge, puis peut-être aussi le 6 octobre à Lausanne, avant de revenir à Martigny en novembre-décembre pour un meeting que son club (BC Octodure) veut mettre sur pied.

Après le Lausannois Yoann Kongolo (11 combats, 11 succès), Benoît Huber sera-t-il l’un des leaders dont la boxe suisse a besoin actuellement ? Un pari qu’on lui souhaite de réussir dans un contexte difficile (crise de la presse et désintérêt médiatique) et qui mérite le respect. Car il relance cette catégorie des poids lourds après la ridicule et consternante performance du Bâlois Arnold Gjergjaj face à l’ancien champion du monde anglais David Hayes (ko 2ème) en mai 2016.

 

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